Les signes cachés d’un traumatisme non résolu
Le corps conserve la trace des traumatismes vécus. Sans le savoir, certaines réactions ou sensations trahissent un passé douloureux. Identifier ces signes permet de mieux comprendre les blessures invisibles et d’engager un processus de guérison.
Les différents types de traumatismes
Il existe deux grandes catégories de traumatismes :
- Le traumatisme simple, qui survient une seule fois chez une personne en bonne santé mentale. La guérison est souvent plus rapide.
- Le traumatisme complexe, qui résulte d’événements répétés, généralement pendant l’enfance. Il marque profondément la personne et favorise l’apparition d’un stress post-traumatique à l’âge adulte.
Dans ce dernier cas, l’impact est plus lourd. Les personnes concernées développent des symptômes durables, souvent difficiles à relier directement au traumatisme.

Les signes invisibles d’un passé traumatique
Les traumatismes non résolus s’expriment de multiples façons. Certains indices peuvent passer inaperçus, mais ils révèlent une mémoire corporelle et émotionnelle douloureuse.
1. L’hypervigilance : une alerte permanente
Une personne ayant subi un traumatisme reste en état de vigilance constante. Elle se sent en danger même dans des situations anodines. Ce mécanisme, bien que protecteur, épuise l’organisme et renforce l’anxiété.
2. Les reviviscences traumatiques
Les souvenirs traumatiques surgissent sous forme de cauchemars, de flashbacks ou de sensations physiques désagréables. Certains lieux, objets ou bruits déclenchent une réaction incontrôlée :
- Sursaut à un bruit soudain,
- Malaise en présence d’un lieu ou d’une personne,
- Anxiété inexpliquée dans certaines situations.
3. Le syndrome d’évitement
Pour éviter de revivre l’émotion douloureuse, certaines personnes adoptent des stratégies inconscientes :
- Éviter les conversations liées au traumatisme,
- Fuir les lieux et les situations qui rappellent l’événement,
- Oublier des moments clés de l’expérience traumatique.
Ces comportements altèrent la vie sociale et professionnelle. Ils enferment la personne dans une bulle protectrice, mais isolante.
Exemple concret : un traumatisme transgénérationnel
Personnellement, j’étais ce que l’on appelait une fille mère, car je refusais le mariage, ce qui était une insulte pour la société il y a 50 ans. Élevée par l’assistance publique, je voyais le mariage comme une prison. Pourtant, j’ai fini par épouser un gendarme pour protéger mon enfant de ma famille biologique, qui voulait me l’enlever afin de me soutirer de l’argent. Ce schéma se répétait : ma propre mère avait été forcée de se marier avec mon père, et j’étais née dix mois plus tard. Avant moi, mes parents avaient eu deux enfants hors mariage que mon père n’avait pas reconnus. Ainsi, j’ai porté le traumatisme de ma mère et ai moi-même vécu une forme de mariage forcé pour mettre mon enfant à l’abri. Ce cercle vicieux démontre comment les traumatismes se transmettent inconsciemment de génération en génération.

Exemple concret : un cauchemar révélateur
Un consultant est venu me voir, troublé par un rêve récurrent depuis son emménagement dans son nouvel appartement. Chaque nuit, il voyait une femme attacher une corde aux barreaux du balcon et se pendre. Ce cauchemar le laissait dans un état de grande détresse.
Pour comprendre l’origine de cette vision, j’ai engagé un dialogue poussé avec lui, le questionnant sur son passé et ses émotions. Au fil des échanges, il a réalisé qu’il n’était pas le deuxième enfant de sa famille, mais le troisième. Sa mère avait donné naissance à une petite fille mort-née sept ou huit ans avant lui, un événement dont il n’avait jamais eu pleinement conscience.
En approfondissant la discussion, il a découvert que cette enfant, prénommée Muriel, était décédée « pendue par le cordon ombilical ». Elle n’apparaissait pas sur le livret de famille et avait été enterrée dans une fosse commune. Bouleversé par cette révélation, il a ressenti un soulagement paradoxal, comme si une vérité enfouie venait enfin d’émerger.
Pour honorer cette mémoire et rétablir un lien symbolique, je lui ai conseillé de rechercher le cimetière où reposait sa sœur et d’y déposer un mot avec son prénom. Ce simple geste de reconnaissance pouvait l’aider à clore un cycle de souffrance inconsciente et à apaiser son esprit.
Les symptômes du stress post-traumatique
Un traumatisme non résolu entraîne des troubles profonds. Parmi eux, trois symptômes majeurs se distinguent :
1. L’amnésie traumatique
Le cerveau bloque certains souvenirs pour protéger l’individu. Ce phénomène crée des trous de mémoire incompréhensibles et accentue le sentiment de confusion.
2. La dissociation
Certains ressentent une impression d’irréalité. Ils ont l’impression de vivre les événements comme un spectateur, sans y être pleinement présents. Cette déconnexion émotionnelle peut s’accompagner d’une insensibilité aux stimuli extérieurs.
3. Les troubles de l’humeur et les addictions
Un traumatisme affecte l’équilibre psychologique et favorise :
- La dépression,
- Le repli sur soi,
- L’usage de substances addictives (alcool, drogues, médicaments).
Ces mécanismes servent à anesthésier la douleur émotionnelle, mais renforcent la souffrance sur le long terme.

Comment traiter un traumatisme ?
Un diagnostic précis nécessite l’intervention d’un thérapeute formé. Parmi les solutions reconnues, trois approches se démarquent :
1. L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing)
Cette thérapie repose sur des mouvements oculaires guidés par le praticien. Elle aide à retraiter les souvenirs douloureux et à réduire leur impact émotionnel.
2. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
Elle expose progressivement la personne aux éléments liés au traumatisme. Cette approche vise à désensibiliser la mémoire traumatique et à modifier les schémas de pensée négatifs.
3. L’importance du soutien et de la reconnaissance
L’entourage joue un rôle clé dans la guérison. Comprendre les mécanismes des traumatismes permet d’accompagner la personne sans minimiser sa souffrance. Un soutien adapté favorise une reconstruction progressive.
Conclusion : écouter son corps et son esprit
Les signes d’un traumatisme non résolu ne sont pas toujours évidents. Pourtant, ils influencent profondément le quotidien. Reconnaître ces manifestations et consulter un professionnel constituent la première étape vers un mieux-être. Le chemin de la résilience passe par la compréhension et la prise en charge de ces blessures invisibles.